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J’ai toujours beaucoup aimé parler auparavant, mais peut-être plus encore écrire. Quand je m’exprime et que, dans le même temps, je suis troublée par un événement ou une personne présente, ce flot de paroles empreintes d’émotion m’emporte, malgré moi, dans des travers que, la plus part du temps, je regrette ensuite. Quand je pose mes mots sur le papier, la réflexion est plus intense, les phrases plus calculées, je prends le temps de contrôler l’aspect négatif de mon émotion trop forte. Depuis quelques années, j’envie le temps où je pouvais écrire manuellement, où laisser le stylo foncer sur le papier de moins en moins blanc me procurait beaucoup de joie, sans relecture, sans correction, naturellement. Mais ma main droite, ou plutôt ces millions de petites fourmis qui l’envahissent dès que j’empoigne mon crayon m’ont habituées à manier le clavier de mon ordinateur en tentant de garder le même naturel que lors de la calligraphie. Pourtant, souvent je triche, malgré moi, je relis, je corrige, je transforme, je redresse, je n’améliore pas toujours forcément, mais, comme l’artiste, je ne peux m’empêcher de donner un dernier coup de pinceau à ce qui n’est pas un chef-d’œuvre.

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