Deux jours qu’aucune parole n’est sortie de ma bouche… 

Toutes ces heures à écouter les bruits de foule, de circulation aux heures de pointe,
à tendre l’oreille pour percevoir autre chose que le silence de la nuit qui fait peur,
toutes ces minutes à ingurgiter musique douce et émissions radiophoniques pour éviter que mes pensées n’envahissent trop mon esprit…

Toutes ces heures également à observer les visages, les gens, à essayer de deviner de quoi leur vie est faite, en quoi elle est différente de la mienne, après quel bonheur ils courent.
J’ai regardé intensément au point que je n’ai jamais eu aussi mal aux yeux de ma vie… Comme si toutes ces images me brûlaient, se gravaient en laissant une marque indélébile et douloureuse.

J’ai perçu aussi à quel point le regard communique : lance un appel, cherche une réponse, partage son émotion, montre de l’empathie ou s’impose en dictateur, se gonfle de colère ou de larmes…

Plus que tout autre sentiment, c’est vraiment la perplexité qui inonde mes pensées aujourd’hui.

Oui, j’avais des attentes (plutôt présomptueuses du reste), des appréhensions (assez imposantes et angoissantes) et des besoins (plus ou moins conscients et explicites)…

Après quelques heures à m’enivrer de la ville, de sa pluri culturalité, de ces boutiques et de ces bars et restos en tout genre, je me suis décidée à acheter une carte de la cité, à localiser les quelques adresses trouvées sur internet, et à planifier enfin cette première soirée.

Plus qu’une dizaine de marche à descendre et un rideau noir à passer…

le site internet annonçait clairement : le premier club lesbigay & friends