Les rendez-vous du mercredi matin
Elle doit être faite pour moi, cette place de parc.
Tous les mercredis matins, quand j'arrive dans cette rue, à la même heure, je constate qu'elle m'attend, patiente et vide. Tout mon contraire en fait.
Je claque la porte de la voiture, range mes clefs dans les poches de mon pantalon tout en cherchant de la monnaie. Je laisse tomber quelques pièces dans le parcomètre, et commence mon tout petit trajet vers la porte d'entrée de l'"Atelier de développement personnel".
Trois étages plus haut, après être montée dans un ascensseur si exigu que j'en deviendrais presque claustrophobe, je frappe et entre dans la salle d'attente, l'estomac noué, le ventre barbouillé.
Lorsqu'elle apparaît, son sourire chaleureux m'aide à me lever et à franchir les quelques mètres qui mènent à son cabinet (je n'aime pas ce mot), un lieu d'à peine 20 mètres carré, mais accueillant et lumineux. Je m'assied toujours au même endroit, en plein milieu du canapé qui fait face à la fenêtre. Je connais maintenant le dessin du rideau et le décor extérieur par coeur. Je n'ai, par contre, pas toujours la même position, bouge énormément, essaie de prendre conscience de ma gestuelle en fonction de l'émotion dûe à la conversation en cours. Je suis là et pas là tout à la fois. Je parle et écoute. Je pars et reviens. Je suis en même temps prête à travailler sur moi et à tout envoyer balader, tant la peur m'assaille.
Le lâcher prise, c'est l'un des éléments-clef de ma démarche, sans aucun doute.
Et puis, peut-être aussi, faudra-t-il que je réussisse à laisser transparaître mes émotions, de manière à ce que mon corps ne transforme pas ces émotions non exprimées en douleurs lancinantes.