Couchée sur le côté gauche depuis une bonne demie heure, j’ai eu le temps de faire le tour de tous événements de la journée, et même de me projeter dans ceux probables du lendemain. Avant cette position de détente que l’on attend habituellement avec ravissement, j’ai parcouru une bonne trentaine de pages de mon livre de chevet du moment jusqu’à ce qu’enfin mes yeux commencent à clignoter et ma concentration se dissipe un tant soit peu.

Petit à petit, les réflexions commencent à subir des saccades, les images deviennent plus floues et se déroulent de manière moins linéaires, voire même carrément anarchique. Le signe le plus perceptible pour moi est cette lumière blanche qui s’installe devant mes yeux clos, de plus en plus intense, de plus en plus blanche. Je me sens comme emportée dans un mouvement tourbillonnant, même angoissant les premiers temps. C’est qu’enfin l’inducteur de sommeil que je suis astreinte à prendre depuis une dizaine d’années fait son effet.

Je lis en ce moment « Enquête sur l’existence des anges gardiens ». Je sais que je n’aurais pas pu le parcourir avec autant d’intérêt et de questionnement il y a quelques années.

J’y découvre une manière différente d’appréhender la mort, ou plutôt l’au-delà. Et pourtant, je ne suis pratiquante d’aucune forme de religion, parce que j’y suis « allergique ». Je veux dire par là que je n’arrive pas à entrer dans une église pour participer à une cérémonie en même temps que tant d’autres qui y viennent juste pour avoir bonne conscience. Tant d’autres qui prient et chantent en cœur pour plus de justice, de tolérance et de paix dans le monde, alors qu’en sortant du lieu sacré ils sont les premiers à jeter la pierre sur le premier étranger qui passe, qui défendent des intérêts financiers mettant en péril la vie de milliers de personnes, qui gouvernent et qui prônent la fermeture à outrance. Je n’arrive décidément pas à me sentir « en communion » avec eux.

Mais grâce à cet ouvrage je découvre une part de l’inconnu qui aiguise mon esprit et qui m’apporte beaucoup de sérénité. Je me réconcilie avec une potentielle croyance en une Force Suprême, juste, compatissante et aimante, sans condition.

On fait état de nombreux cas de d’expérience de mort imminente dans lesquelles les personnes ont vécue une sortie de leur corps et une vision assez surprenante de ce qui semble être la vie après la mort. Une grande lumière blanche, attirante, apaisante, mais intense et difficilement descriptible en réalité.

Et moi qui depuis si longtemps ai souvent beaucoup plus peur du blanc que du noir… Simplement parce qu’une fois, enfant, j’ai été prise de panique au milieu d’une piste de ski par un jour blanc, incapable de voir une seule trace, ne sachant plus ressentir le sens de la pente, et perdue en plein jour.