Bzzzz Bzzzz ... où est mon téléphone ?
Mon
téléphone mobile sonne… , non, je devrais dire plutôt vibre parce que je n’aime
pas que tout le monde sache que l’on cherche à me joindre, et, avantage
suprême, je peux également choisir de répondre ou non suivant les
circonstances…
C’est
L. qui m’appelle.
Nous
avons été collègues avant d’être amies, ou plutôt nous nous sommes découvertes
des affinités au moment même où nous avons commencé à collaborer.
L.
m’appelle et ça me surprend d’autant plus que je n’attendais plus vraiment son
téléphone, et que, coïncidence extrême, j’ai longuement pensé à elle ce matin à
mon réveil.
Nous
avions rendez-vous toutes les deux à mi-décembre pour un repas en tête-à-tête.
Il
ne s’agit pas vraiment de rencontres régulières car nous avons tout au plus
passé 4 ou 5 soirées ainsi depuis que nous nous connaissons, mais celles-ci n’ont
jamais été banales. Les sujets abordés m’ont toujours poussé à d’intenses
réflexions ou d’importantes remises en question. Avec elle, j’ai l’impression
d’avoir beaucoup appris au niveau de l’écoute et de l’empathie. J’avais
donc beaucoup misé sur notre dernier rendez-vous. Une folle envie de me confier
une fois de plus, un besoin certain de lui faire lire le texte que j’ai écrit à
son sujet, enfin, juste un fort désir également de pouvoir l’observer
intensément pendant de longues minutes et photographier une fois de plus son
visage doux et souriant dans ma mémoire.
C’est
peut-être dingue, mais j’ai le sentiment qu’L. doit l’avoir ressenti, je ne
saurais dire comment, mais c’est comme une évidence pour moi :
l’après-midi même de notre rendez-vous L. a annulé notre entrevue parce qu’elle
se sentait faible et malade et je n’ai pas vraiment été surprise, à peine un
tout petit peu déçue.
Le
temps qui s’est écoulé depuis ce rendez-vous manqué m’a permis de prendre
beaucoup de recul : toute l’émotion que j’avais pu accumuler dans
l’attente de notre rencontre s’est quelque peu estompée, ainsi qu’une bonne
partie d’attentes non dicibles.
Ce
matin, à demi éveillée, je songeais à tout ceci et échafaudais déjà quelques
lignes de cette lettre, imaginant qu’il était sans doute venu le temps de lui
expliquer ce que je ressentais, ce que j’avais cru comprendre de son
désistement et lui faire parvenir le texte que j’ai écrit à son sujet, en
renonçant à croiser son regard une fois qu’elle aurait terminé de le lire…
Et
mon téléphone sonne… L. reprend contact et je n’ai pas encore écrit une seule
ligne de ce qui trottait dans mon esprit depuis ce matin.
Et
alors, mon téléphone vibre… et moi aussi en lisant son nom sur l’écran !