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Ollioules… Est-ce que tout a basculé ?

Je te l’ai déjà écrit : cette période estivale a été révélatrice de notre malaise, de nos susceptibilités, de nos souffrances, de nos différends, de notre colère enfouie, de ma jalousie, de ta frustration, de ma déprime, de ton impuissance,… de tout ce qu’on croyait savoir, mais qu’on avait mal compris, de tout ce qu’on croyait avoir dit, mais qui avait été mal interprété, de notre amitié friable, d’une trilogie impossible à réaliser, de tous ces secrets à garder, ces gestes d’amour à calculer, ces jalousies latentes, ces interprétations malsaines, un enfer ! Une orage qui a éclaté au grand jour.

Je n’ai jamais su à quel point je t’ai blessée, je n’ai jamais entendu aucun mot sortir de ta bouche à ce sujet, peut-être parce que, par pudeur, tu ne voulais pas faire de mal autour de toi à propos de cette altercation, peut-être parce que tu ne voulais pas non plus qu’on ne retouche trop tôt aux blessures encore mal cicatrisées, peut-être parce que tu as quelque choser à préserver que je n’aurais pas su déceler, comprendre, admettre ou peut-être parce que j’ai tout bonnement marché, écrasé les plates-bandes de ton jardin secret et que tu m’en veux encore beaucoup. Je ne sais pas comment tu vis cela au quotidien maintenant, quelle amertume reste encore, quels mots s’accrochent encore au fond de ta gorge, quels souvenirs bons ou mauvais tu en gardes.

J’ai, quant à moi, de magnifiques images de ce coin de pays ensoleillé. C’était une révélation pour ce qui est de la nécessité de prendre des vacances en famille, de se permettre le farniente sans arrière-pensée, de prendre le soleil et la chaleur, de profiter de la mer et du frais, de fouler le sable comme un massage de réflexologie, de prendre l’apéro et les repas à toute heure, selon les besoins, les envies du moment.

Je me souviens d’une nuit où nous avons regardé le ciel étoilé, en parlant. Nous faisions face aux lumières du port de Toulon. J’ai pleuré cette nuit-là, beaucoup pleuré, comme un exutoire. Pour la première fois depuis longtemps j’ai pleuré mais ça m’a fait du bien. Je t’ai attentivement écouté me parler d’étoiles filantes, des beautés et difficultés de la vie. Pour la première fois depuis longtemps quelqu’un arrivait à ouvrir mon cœur, à me faire réagir positivement, à me faire croire en l’avenir que je n’arrivais à voir que sombre jusque-là. J’aurais voulu que cette nuit dure et dure encore, j’aurais voulu t’écouter me parler encore et encore, c’était comme une pommade sur une blessure, c’était comme une caresse chaude, comme une grande lessive bienfaisante.

Après tout ce que je t’avais infligé auparavant, téléphones incessants et lettres pesantes, tu trouvais encore les mots justes, tu trouvais encore la force et le courage de m’arracher à la nonchalance, à la mélancolie, à l’effondrement total.

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