Ca fait quelques temps que je me pose cette question.

Et je ne trouve pas la réponse ... je me demande quelle place je prends au sein de notre couple depuis 19 ans maintenant. N'ai-je pas pris par mégarde un rôle un peu trop maternaliste ? Ai-je laissé à mon mari une place d'homme fort, d'époux, de décideur et non d'enfant, l'a-t-il exprimé et je n'aurais pas su l'entendre ? Est-ce que je ne suis pas en train de me fondre carrément dans les habitudes, les mauvaises habitudes, celles où on ne se pose plus assez la question de : "ce que je suis en train de faire, de faire-subir, de vivre ou pour lesquels je survis ? ...."

J'ai toujours l'impression de vivre au côté de l'homme de ma vie, le seul que j'ai jamais connu dailleurs.. mais lui, vit-il avec un zombi ? Un espèce d'être humain, vieillissant mal, et qui remet tout en question au moment le plus saugrenu, au moment même où la sagesse devrait prendre le pas sur l'insassiable besoin de vouloir tout comprendre.

Mes propres envies d'entrer en relations intimes sont assez particulières du reste. Je ne dirais pas que je manque d'appétit, mais plutôt que les plats traditionnels commencent à m'ennuyer. J'ai encore envie d'être séduite, mais je suis bien consciente que mon potentiel de séduction s'amenuise .... Et comme je ne me trouve pas belle et que je suis horriblement complexée, et qu'en outre, je n'ai rarement entendu dire de moi que j'étais belle, ou séduisante... et que je ne fais rien pour que cela arrive.... j'ai tout contre moi, ou plutôt, je créé moi-même les obstacles contre lesquels je bute inlassablement.

Qui suis-je ?, qu'est-ce que j'attend de la vie ?, quelles aspirations me font encore vibrer ?, quelles chances je me donne de les assouvir ? Quelle est la femme qui vit à l'intérieur de moi ? Est-ce une femme, réellement.... ou un espèce d'être vivotant entre des fantasmes non assouvis et une réalité difficile à admettre au jour le jour ?

Je suis apparemment l'une de ces trop nombreuses fin de trentenaires qui imaginent que leur vie pourrait se résumer à une longue liste d'habitudes prises, et qui se cherchent un nouvel élan pour tenter de ranger au placard les éventuels regrets qui poussent comme de la mauvaise herbe...

Nous avons fait des enfants... qui grandissent, qui s'agitent, qui s'émancipent... et après ? hein.... après ? Que restera-t-il ? de la morosité de n'avoir pas su dire... dire le passage de l'arrivée de la quarantaine, des questions embarrassantes que cela provoque chez moi, des remises en question ... des troubles du comportement que je ressens, de la nostalgie de ce corps qui a tant changé et que j'exècre... parler de toutes ces envies de coup de folie qui me passent par la tête et que je trouve totalement indécessantes dans mes moments de lucidité de femme-épouse-fidèle-et-mère-de-famille-bien-dans-la-normalité ?

Par la même, aurais-je été capable, aveuglée que je suis par mon propre fonctionnement ambigu, d'être suffisament à l'écoute de celui qui m'épaule et m'accompagne depuis notre jeunesse à tous les deux ? Est-il heureux, vraiment, ou simplement en auto-suffisance ? qu'attend-il de moi ? comment ressent-il ce que nous vivons côte à côte et pourtant parfois si éloignés ? Je sais qu'il faut remettre plusieurs fois la compresse pour lui soutirer, ne serait-ce qu'une petite réponse en forme de "j'sais pas, je crois que tout va bien, non ?".... une tombe, un mystère ambulant, oh oui, "surtout ne jamais parler de mes sentiments, trop dur ça, trop dangereux d'ouvrir les portes de mon coeur, de mon âme ".... c'est tout lui ça !

Ceci n'est pas un écrit déchirant qui doit faire pleurer dans les chaumières, ce n'est que le résumé des pensées saugrenues, mais néanmoins bien présentes d'une femme qui n'est pas bien dans sa peau, mais qui ne le montre pas à l'extérieur.