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et de s'attendre à un résultat différent."

Albert Einstein



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C'est trop drôle d'avoir à nouveau envie de t'écrire...

Lettre à G. écrite le 6 novembre

C’est trop drôle d’avoir à nouveau envie de t’écrire et d’en avoir pour une fois vraiment le temps. Et pourtant, malgré tout ce temps à disposition, je ne sais pas trop par quoi commencer. Il y a tellement de choses à dire, des choses, tu sais, qu’on ne se dit pas par téléphone ou quand on se voit. Je ne crois pas qu’il s’agisse de pudeur, mais plutôt d’instants vécus, il y a un temps pour tout. Parler ensemble de sujets précis ou plutôt intimes n’est pas toujours évident parce que l’une ou l’autre n’avons pas les mêmes préoccupations au même moment.

 

Et puis pour moi, t’écrire me fait tellement penser à toutes les lettres si morbides que je t’ai adressées il y a quelques années, que quelques fois, je préfère y renoncer, parce que je sais pertinemment ce que je t’ai fait subir à cette époque et à quel point tu as été forte pour supporter tout ça. Vingt-et-un ans d’amitié, ce n’est pas rien finalement !

 

Aujourd’hui, j’ai envie de te parler d’abord de moi. Certains pourraient prendre cela pour de l’égoïsme, mais moi j’admets volontiers qu’il ne s’agit que d’un besoin.

 

Dans ce monde qui a oublié, par pudeur, par jugement, ou tout simplement par l’éducation, à quel point il est vital de profiter pleinement des gestes affectueux qu’on peut partager avec les gens qu’on aime, j’aimerais te dire que tu es la seule personne qui sait et prend le temps de m’embrasser, au sens premier du terme, c’est-à-dire me prendre dans tes bras. Et je ressens le besoin de te dire à quel point c’est un geste qui me fait énormément de bien. Mon corps profite pleinement de ce moment chaleureux, je trouve même que parfois c’est trop court …

 

J’ai l’impression que l’on peut transvaser un peu de son âme quand on prend le temps de se toucher, que l’on communique des sensations indicibles, que le corps en a un besoin énorme mais qu’il ne peut pas l’exprimer. Dans les bras de quelqu’un je sais que je compte, que j’existe, que je vis. Alors que certains échangent poliment des bises lointaines, je préfère nettement une main bienveillante sur l’épaule ou deux joues qui se touchent vraiment et transmettent leur chaleur respective. Ça doit te paraître bizarre cette entrée en matière, mais ça m’est vraiment apparu ces derniers temps, comme une évidence, et même parfois comme un manque. Je me souviens aussi d’un instant plus pénible pour toi, mais également très marquant. Nous nous trouvions dans un endroit glauque, du genre d’un sous-sol avec passage de véhicules, sous l’hôpital, et attendions la sortie de la morgue du cercueil de ta maman. Tu me tenais par la main et je sentais toutes tes vibrations. Aucun mot, juste quelques regards embués échangés. Ce jour-là, j’ai eu le sentiment d’être utile, d’être vraiment là pour quelqu’un, tu m’as transmis un message d’amour. Savoir que seule ma présence pouvait à ce point être importante à tes yeux a été un signe tout à fait particulier pour moi.

 

Savoir ou apprendre à se toucher, à recevoir ou à donner de l’affection, dans les moments forts, tristes ou joyeux, me semble donc une priorité. Et pourtant, je sais aussi qu’il n’est pas dans nos mœurs actuelles de montrer (ou d’accepter de montrer) ses émotions.

 

Tu sais aussi à quel point j’ai et je réfléchis encore à ma vie, à mon identité, à mon cheminement personnel… Je ne connais aucun instant de répit, aucun rêve parfaitement lisible, aucune sensation totalement compréhensible. A chaque fois que j’ai envie de dire « je t’aime » à quelqu’un, homme ou femme, je me demande dans quelle ambiguïté je vais encore me fourrer. Et pourtant, j’éprouve réellement de l’amour, non pas forcément physique, mais une espèce de sensation très agréable, un petit morceau de bonheur, le besoin de faire comprendre à l’autre à quel point il ou elle compte pour moi, à quel point notre rencontre, discussion, partage me fait du bien et m’enthousiasme, mais j’ai toujours peur des interprétations que l’on peut faire de ce que je vais mettre en mots à propos des sensations que j’éprouve.

 

Paradoxalement, j’avoue éprouver d’autres sensations, quelques fois, en présence de femmes qui m’attirent physiquement. Mais dans ces instants-là aucun mot ne monte à ma bouche, simplement une espèce de malaise mêlé de frissons m’envahit et me fait culpabiliser. Le paradoxe apparaît justement parce que dans ces moments-là, j’en arrive même à me poser des questions sur mes besoins affectifs exprimés plus hauts… Je mélange tout, mes besoins ne sont plus très clairs, les questions personnelles fusent et tout se remet en question, sans pour autant trouver d’apaisement.

 

Tu vois que je suis toujours pas mal chahutée…

Je viens de terminer le livre de Paolo Coelho, « Onze minutes », et me voilà de nouveau devant quelques questionnements du tonnerre. En effet, le sujet est un peu plus épineux dès qu’il touche au sujet des relations sexuelles et du bien-être que cela procure. Ce doit être vraiment dû à l’éducation, et j’aimerais pouvoir, bientôt ou plutôt quand le temps sera venu, parler librement avec mes filles pour qu’elles ne ressentent pas le même malaise que moi…

Pourquoi nous a-t-on emmitouflés dans un espèce de brouillard nous empêchant de parler de ce qui se fait à deux sous la couette ? Pourquoi les galipettes sont-elles à ce point synonymes de secrets bien cachés, de non-dits ? Ce sont évidemment des questions que je me pose à moi-même et qui ne concerne pas forcément tout le monde, peut-être devrais-je les personnaliser en disant « je ».

 

C’est évident qu’il s’agit d’un manque de communication, mais il n’est pas si aisé, en ce qui me concerne, d’aborder le sujet clairement. Dire ses besoins, c’est prendre le risque de brusquer l’autre, de lui faire interpréter cela comme un manquement de sa part. Je ne voudrais pas que cela soit pris comme une nouvelle exigence, comme un besoin égoïste. En résumé, je crois que je suis en manque de gestes tendres, et c’est peut-être pour cette raison-là (et peut-être à tort aussi) que je fantasme sur le fait que deux femmes doivent en avoir davantage entre elles, puisqu’elles connaissent tellement bien leur propre besoin féminins.

 

Pour ma part, je me pose sérieusement la question de savoir pendant combien de temps j’ai joué le rôle de mère plutôt que celui d’épouse. Et si tout ce temps n’a justement pas empêché que je me « lâche », que je m’abandonne dans les bras de mon mari, que j’apprécie à leurs justes valeurs les gestes d’amour qu’il me montrait, sincèrement. Je crois que j’ai endossé, à tort, un rôle maternant, et qu’en ce cas, j’ai étouffé trop longtemps toutes ses envies de se mettre à ma hauteur, de prendre des initiatives, de m’emmener librement là où il en avait envie. Maintenant, je dois m’atteler à lui redonner confiance, à lâcher du lest, à lui montrer que nous sommes véritablement partenaires d’égal à égal. Et il faut qu’il y croit vraiment, qu’il ne soit pas complètement effacé derrière le seul rôle que je lui ai laissé prendre pendant toutes ces années, mais qu’il ne refusait pas non plus vraiment. Peut-être était-ce rassurant pour lui de se laisser guider ? Je songe aussi beaucoup aux implications : finalement que retire-t-on avant tout du fait à se laisser ainsi mené ? Je pense que, mis à part sa fierté personnelle que l’on met un peu de côté, on peut y voir deux avantages : pas ou peu de regrets et pas ou peu de situations d’échec à surmonter. Dans les deux cas, on repose la culpabilité sur le preneur de décision. Je ne sais pas comment se sent mon mari là au milieu.

 

Pour connaître la réponse, il faudrait déjà que je me sente capable de lui poser la question franchement.

Ce coup d’arrêt aujourd’hui, à la suite de mon hospitalisation, est sans doute à mettre en parallèle avec ce que j’éprouve ces derniers temps : le besoin de redevenir enfant, ou de laisser remonter à la surface la part d’enfant qui est en moi, de me laisser guider vers l’inconnu, vers la bonne ou mauvais surprise, mais en tout cas vers l’imprévisible, guidée, accompagnée, aimée, dorlotée. Vivre une quarantaine sereine, avec une certaine expérience de vie, oui, mais avec des coups de folie adolescents quelques fois qui viennent donner un peu de piment au train-train. Vivre une vraie vie de femme et pas seulement celle d’une mère. « J’voudrais des frissons en pagaille » (Julien Clerc)

 

Je ressens le besoin aussi de changements physiques. Je me suis laissée aller au point de ressembler de plus en plus à une « mama », trop enveloppée, trop insignifiante au niveau habillement, trop peu féminine. Je dirais, en me regardant dans un miroir, que je me trouve très peu désirable ! Plus le temps passe, et plus ça m’obnubile. Comment peut-on continuer à frémir devant un corps qui se dégrade à ce point ? Bien sûr, il n’existe aucune baguette magique à ce point efficace pour me redonner mon allure d’il y a vingt ans ; bien sûr, je n’envisage pas de passer par la chirurgie esthétique, je n’en ai ni les moyens financiers ni même l’envie. D’ailleurs, j’aime beaucoup mon visage et c’est sans doute le seul endroit de mon corps que je peux regarder sans froncer les sourcils de dépit. Peut-être aussi ne m’a-t-on jamais dit dans mon enfance que j’étais belle et cela me touche profondément.

 

J’aime à penser que je peux encore m’améliorer, que cela se passe au niveau mental comme au niveau physique. En fait, je pensais qu’avec le temps, plus mon âme s’embellissait, plus mon corps se dégradait. Et, comme par fatalité, j’imaginais qu’il ne pouvait pas en être autrement. Mais je commence à comprendre qu’il faut à tout prix que je mette de côté cette impression et que je peux encore faire quelque chose pour moi, ou plutôt je devrais dire que je suis la seule à pouvoir réellement faire quelque chose pour moi. Mon entourage, dans ce genre de démarche, est un soutien indéniable, une béquille pour les moments de doute, un coup de fouet dans les moments de relâchement, et une jolie rose au doux parfum dans les moments de satisfaction.

Je dois me mettre en marche si je veux changer quelque chose en moi, je dois trouver mon chemin seule, mais je sens que j’ai besoin des autres pour m’aider à assurer mes pas tout au long du voyage.

 

J’écris ce soir bercée par des mélodies douces de Julien. Et comme les coïncidences sont toujours surprenantes les paroles que j’entends me font sourire : « docteur, je ne veux plus guérir, (…) j’suis malade d’espoir ».

C’est dingue, je ne pensais absolument pas aborder tous ces sujets au début de la lettre, quelques bribes de phrases venaient en effet à mon esprit, mais aucun fil rouge ne se dessinait. Et finalement, en me relisant, je constate qu’elle a pris une tournure toute autre… mais c’est souvent le cas quand je t’écris. L’envie d’écrire suffit à me mettre devant mon ordinateur, le reste arrive presque tout seul.

 

Arrivée à ce stade, j’éprouve toujours beaucoup de difficultés à mettre enfin un point final à ma lettre. Comme si il fallait peaufiner encore, rajouter par-ci par-là quelques mots plus explicites, éviter les contradictions ou les redondances. Et puis, j’aimerais continuer, encore et encore, à te parler parce que je me sens si bien. Et même si mes muscles fatiguent, ma tête voudrait encore garder ton image, parce que je ne peux pas t’écrire sans t’imaginer, là, devant moi, ton regard doux posé sur mon moi.

 

En réalité, et après tant de détours, je peux te le dire : j’avais imaginé parler de toi, de ta vie, de ton grand amour, de tes projets d’avenir, mais je n’ai pas trouvé les mots…

 

 

Je t’aime, pour toujours

 

 

 

 

Ecrit par Et-si-je, à 13:56 dans la rubrique "Et-si-je parlais de moi".



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